Accueillir un enfant, c’est toujours un chamboulement personnel. Entre joie, fatigue et nouveaux repères, les premiers mois et années bouleversent la vie des parents. Pour leur permettre de vivre pleinement cette étape, la France a mis en place le congé parental d’éducation. Ce dispositif offre aux mères comme aux pères la possibilité de suspendre ou réduire leur activité professionnelle afin de se consacrer à leur enfant.
Le système actuel reste parfois critiqué pour son manque d’attractivité, en particulier du côté des pères. Un projet de réforme était prévu pour 2025, mais il a été suspendu suite à la dissolution de l’Assemblée nationale et pourrait voir le jour en 2026.
Comprendre le congé parental aujourd’hui
Qui peut en bénéficier ?
Le congé parental est accessible à tout salarié du secteur privé qui justifie d’au moins un an d’ancienneté dans son entreprise à la date de sa demande (et non plus au moment de la naissance depuis la loi du 9 mars 2023). Il peut être pris :
• À temps plein : l’activité professionnelle est interrompue
• À temps partiel : le salarié continue de travailler, mais avec une réduction d’horaire (minimum 16 heures par semaine)
Le congé est accordé par période d’un an, renouvelable, jusqu’aux 3 ans de l’enfant. Chaque parent a droit à ce temps, et les deux peuvent même le prendre en parallèle.
Quelle indemnisation ?
Si le contrat de travail est suspendu, le lien avec l’entreprise reste intact : au retour, l’employeur doit proposer le même poste ou un poste équivalent. Sur le plan financier, les familles perçoivent la PreParE (Prestation partagée d’éducation de l’enfant) versée par la CAF :
• 456,06 € par mois pour un congé à temps plein
• 294,82 € pour un congé à 50%
• 170,07 € pour un temps partiel entre 50 et 80%
Ces montants, bien qu’utiles, restent modestes comparés à un salaire, ce qui explique pourquoi beaucoup de familles renoncent à en profiter longtemps.
Un congé encore trop féminin
Malgré les évolutions législatives, une réalité persiste : le congé parental est massivement pris par les mères. Plus de 97% des bénéficiaires sont des femmes. Les raisons sont multiples :
• Un différentiel de revenus au sein du couple qui pousse la mère à interrompre son activité
• Des normes sociales encore bien ancrées, où l’on attend des femmes qu’elles s’occupent prioritairement des jeunes enfants
• Une indemnisation trop faible pour encourager un véritable partage
Depuis 2014, le système impose que chaque parent prenne une partie du congé pour que la famille bénéficie de la durée maximale. Mais dans les faits, cet incitatif a eu peu d’effet.
Une réforme suspendue : le « congé de naissance »
Pour redonner un souffle à la politique familiale et favoriser un meilleur équilibre, le gouvernement avait annoncé une réforme majeure : la création d’un congé de naissance. Initialement prévu pour 2025, ce projet a été suspendu suite à la dissolution de l’Assemblée nationale et pourrait entrer en vigueur en 2026.
Les grands principes envisagés
• 3 à 4 mois pour chaque parent, non transférables
• Une indemnisation représentant un pourcentage de l’ancien salaire (les montants exacts restent à définir)
• Ce congé viendrait en plus des congés maternité, paternité et adoption existants
L’idée est simple : permettre à chaque parent, et notamment aux pères, de s’investir réellement dès les premiers mois de vie de l’enfant, sans que la perte de revenu ne constitue un frein insurmontable.
Articulation avec le congé parental
Le congé de naissance ne supprimerait pas le congé parental actuel. Il l’enrichirait en offrant une période mieux indemnisée, donc plus attractive, suivie de la possibilité de prolonger avec le congé parental d’éducation actuel jusqu’aux 3 ans de l’enfant.
Quels impacts pour les familles et les entreprises ?
Pour les parents
Ce nouveau dispositif pourrait favoriser un partage plus équilibré des responsabilités dès le départ, avec des pères plus présents. Pour les pères, c’est une reconnaissance de leur rôle auprès de l’enfant. Pour les mères, cela pourrait éviter que leur carrière soit systématiquement freinée à la naissance d’un enfant.
Pour les entreprises
Le congé parental est parfois vécu comme une contrainte par les employeurs, mais il peut aussi devenir une opportunité RH :
• Fidéliser les salariés en respectant leurs choix de vie
• Développer une image d’entreprise soucieuse d’égalité et de bien-être
• Accompagner le retour des parents avec des solutions souples
Un regard européen
Dans les pays nordiques, le partage est beaucoup plus équilibré, car les congés sont bien indemnisés, obligatoirement répartis entre les deux parents et flexibles dans leur organisation. En Suède, par exemple, les parents disposent de plus d’un an de congé indemnisé, avec des mois réservés au père.
Vers une nouvelle culture de la parentalité
Le congé parental traduit une vision de la société qui reconnaît que l’arrivée d’un enfant est un moment unique, nécessitant du temps et de l’attention. La France, avec son futur congé de naissance dont l’entrée en vigueur est désormais envisagée pour 2026, s’inspire de ces modèles européens pour franchir une étape importante vers une parentalité mieux partagée et une société qui valorise l’équilibre entre travail et vie familiale.