Depuis une dizaine d’année, les entreprises ont progressivement mis la digitalisation au cœur de leurs processus. Alors que l’on pourrait penser que cela ne s’opère que par l’intermédiaire des services informatiques et digitaux, la digitalisation est faite par et pour les hommes, ce qui place en réalité les divisions RH au centre de cette mutation. C’est pourquoi les acteurs de la digitalisation se focalisent et s’adressent de plus en plus aux représentants des ressources humaines ainsi qu’aux fonctions managers.
Désormais, leur cible privilégiée n’est plus uniquement les Chief Digital Officer. Ainsi, le Hub Institute a récemment lancé un programme d’accompagnement dédié à ce public.
Le facteur humain au cœur de la conduite du changement
En effet, pour qu’une entreprise réussisse sa transformation digitale, se doter des bons outils et des bons logiciels ne suffit pas. Le facteur humain est déterminant. Toutes les équipes doivent être sensibilisées, informées et formées à comment opérer la numérisation de leurs tâches au quotidien et surtout pourquoi cela est bénéfique.
« Avant, les RH étaient très focalisées sur le droit du Travail. Ce sont souvent des personnes au parcours littéraire et lorsque les entreprises ont entamé leur transformation digitale, les Chief Digital Officers (CDO) sont venus ‘patcher’ le rôle des RH et celui des DSI. Mais tout ça est en train de changer. » Emmanuel Vivier, Cofondateur du Hub Institute
Les fonctions RH trop souvent mises à l’écart
En effet, pour les représentants des ressources humaines, plutôt de formations littéraires, certains enjeux sont de taille face à l’informatisation de leurs outils de travail et de leurs méthodes. Parmi les enjeux importants, on retrouve : la résistance au changement, la transformation du manager, l’entreprise collaborative, l’intrapreneuriat, la créativité, la notion d’apprendre à apprendre ou encore le rythme de la transformation et la marque employeur. Il est important de rappeler qu’il y a encore quelques années, les fonctions RH étaient à peine sollicitées lors de la recherche d’un SIRH. Pour les projets globaux de digitalisation, les fonctions ressources humaines étaient complètement mises à l’écart, ou, au mieux, elles intervenaient en fin du projet, pour valider une demande de formation.
Un décalage des générations ?
Aujourd’hui, la tendance s’inverse, les DRH sont sollicités au même titre que les CDO lors de la mise en place de projets de digitalisation car les entreprises comprennent qu’ils seront le vecteur d’une conduite du changement réussie auprès des équipes. Néanmoins, un écart générationnel se creuse au sein des services RH. Les jeunes générations ont évolué dans un environnement connecté et pour eux, la digitalisation est intuitive alors que les générations plus anciennes, qui parfois, occupent des postes plus importants, ne sont pas habitués à travailler avec autant d’outils numériques.
« Cela peut créer des entreprises à deux vitesses, et parfois, il est du devoir de la jeune génération d’évangéliser leurs aînés sur l’importance de ce changement. »
Repenser le parcours du collaborateur
Lorsque une entreprise se digitalise et devient une véritable « entreprise collaborative » le parcours classique d’évolution de carrière (ascension hiérarchique verticale) est alors remis en cause. En effet, la transversalité donne de nouvelles possibilités de mobilité en interne. Bien que les mentalités en France place toujours le niveau hiérarchique comme repère de réussite professionnelle, cette tendance, grâce à la digitalisation, va avoir vocation à changer. Comme le cite le responsable e-business de Nestlé « C’est extrêmement complexe pour les RH car ils doivent à la fois réinventer leur propre métier et accompagner la réinvention du business de l’entreprise ».