En France, la question de la réduction du temps de travail est un sujet qui fait débat. L’adoption des 35 heures de durée légale de travail hebdomadaire a marqué une nouvelle page dans l’évolution du monde du travail.
Aujourd’hui, c’est le concept de la semaine de quatre jours qui suscite un intérêt grandissant. Elle est de plus en plus expérimentée par certaines entreprises, notamment dans les secteurs innovants. Bien sûr, ce modèle soulève de nombreuses questions sur sa faisabilité.
La semaine de quatre jours : qu’est-ce que c’est ?
La semaine de quatre jours est un concept au sein duquel l’horaire de travail hebdomadaire de l’employé est comprimé sur quatre jours. L’idée est d’améliorer la qualité de vie des travailleurs, en privilégiant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle, et sans compromettre la productivité. Elle a d’ailleurs l’avantage de convenir à beaucoup de métiers et de secteurs d’activité.
Les modalités de mise en œuvre peuvent bien sûr varier d’une entreprise à l’autre. Certaines choisissent de réduire le nombre d’heures de travail à 32 heures par semaine en général, avec ou sans baisse de salaire.
D’autres préfèrent un partage du temps de travail en rallongeant les journées de travail. Les 35 heures légales sont alors réduites sur quatre jours au lieu de cinq, de sorte que le salarié puisse remplir le même nombre d’heures de travail et percevoir le même salaire.
La semaine de quatre jours a été expérimentée dans divers pays européens, comme en Angleterre en 2022, où elle a convaincu les entreprises qui s’y sont essayées. Les bénéfices palpables pour les employeurs ont été relevés comme suit :
- Amélioration de la marque employeur,
- Facilité à attirer et retenir les talents,
- Diminution du taux d’absentéisme,
- Réduction du stress et du burn-out,
- Etc.
En somme, la semaine de quatre jours est un levier pour repenser les modèles de travail actuels au sein d’une société en pleine mutation.
Rapport entre réduction du temps de travail des collaborateurs et productivité
L’un des principaux arguments en faveur de la semaine de quatre jours est qu’une réduction du nombre de jours de travail n’entraîne pas une diminution de la productivité. Les études montrent qu’au contraire, cela renforce la concentration, la motivation et les performances des collaborateurs.
Pour les employeurs, l’objectif est de prioriser les résultats et non le temps de travail. Un salarié à temps plein peut en effet être moins productif qu’un de ses collègues à mi-temps. Avec une baisse du stress et de la fatigue, il est possible que les résultats d’un travail de quatre jours soient équivalents à ceux de cinq jours, voire supérieurs. Cette hypothèse exclut en ce sens toute chute de performance et perte de salaire.
Dans le cas où le modèle de la semaine de quatre jours fonctionne, les salariés bénéficient d’un double avantage, à savoir une durée de travail réduite et un jour de repos supplémentaire.
Pour les entreprises, une équipe plus reposée est davantage en mesure d’optimiser sa dynamique de travail, et cela, sur le long terme. La semaine de quatre jours permet ainsi d’appliquer l’idée de « travailler moins pour travailler mieux ».
Ceci étant dit, le modèle n’est pas sans risques. Le premier réside dans l’intensification de la charge de travail, car pour compenser les heures sur quatre jours, les collaborateurs peuvent se retrouver sous pression, en particulier si l’aménagement du temps de travail n’est pas effectué dans la dentelle.
De plus, la semaine de quatre jours n’est pas adaptée aux entreprises qui nécessitent une présence continue, comme celles du secteur de la santé ou de l’hôtellerie. Cela leur demanderait des mesures complémentaires qui ont un coût, comme augmenter les effectifs par exemple.
Bien sûr, ces limites soulignent la nécessité d’une approche planifiée et d’un suivi rigoureux pour que le passage à la semaine de quatre jours porte ses fruits.
Les défis organisationnels avec la mise en place de la semaine de quatre jours au sein de l’entreprise
En principe, adopter la semaine de quatre jours demande aux entreprises une réorganisation en profondeur des méthodes de travail. Bien sûr, cette transformation doit passer par une phase d’essai, suivant une démarche progressive. Pour cela, voici les principaux défis auxquels s’attendre :
Réorganisation des processus de travail
La transformation implique nécessairement la révision des processus internes. La nouvelle organisation doit prioriser les tâches à forte valeur ajoutée en simplifiant les procédures, en réduisant les réunions au strict nécessaire ou encore en automatisant les tâches répétitives.
Gestion des horaires et des plannings
Les entreprises doivent repenser la gestion des plannings pour chaque semaine de travail afin d’assurer la continuité des services, en particulier pour les besoins de permanence. Pour une meilleure organisation, il se peut qu’elles aient besoin de se tourner vers le recrutement ou l’externalisation.
Équilibre entre intensité et efficacité
Les collaborateurs peuvent subir l’effet de l’intensification de la charge de travail journalière, ce qui reviendrait à être contre-productif. L’employeur doit dans ce cas fixer des objectifs réalistes et atteignables.
Les entreprises doivent de même respecter le Code du travail qui limite la durée maximale de travail de 10 heures par jour et 48 heures par semaine.
Évaluation du modèle
La mise en œuvre de la semaine de quatre jours demande une évaluation régulière des résultats obtenus, tant sur le plan de la productivité que du bien-être des collaborateurs. L’employeur doit d’ailleurs réagir rapidement en cas de blocage.
En dernier lieu, il faut savoir que cette transformation peut engendrer des coûts significatifs. Cet aspect est à prendre en compte dès le départ, car elle peut peser sur la finance des entreprises qui disposent de peu de marge de manœuvre.
La semaine de quatre jours : un modèle d’avenir en France ?
Alors que la semaine de quatre jours devient une tendance à l’échelle planétaire, tout le monde s’interroge sur la viabilité à long terme du modèle en France.
France : les administrations publiques en tête de la réforme
Dans le contexte national, le Premier ministre initie la réforme en janvier 2024. Le ministère du Travail incite alors les administrations publiques à tester ce format de travail. Les fonctionnaires, sur la base du volontariat, peuvent remplir les 35 heures de travail en quatre jours par semaine au lieu de cinq et profiter d’un jour de congé supplémentaire au choix.
Cela témoigne de la volonté de l’État à adapter les normes de travail aux enjeux contemporains de la société.
Réduction de l’empreinte carbone
À cela s’ajoutent les questions environnementales qui occupent les esprits. Bien sûr, la semaine de quatre jours est l’une des solutions qui s’offrent aux entreprises pour réduire leur empreinte carbone. La fermeture des bureaux le temps d’une journée supplémentaire a comme bénéfices la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la diminution de la consommation d’énergie.
Nécessité de repenser l’organisation du temps de travail
Les premiers résultats ont montré que la semaine de quatre jours a un potentiel de succès. Les entreprises qui ont franchi le pas soulignent l’intérêt de mener des tests pilotes avant toute généralisation.
La clé, c’est de passer par une analyse des besoins spécifiques de chaque organisation et de mettre en place des outils de suivi adaptés.
En somme, la semaine de quatre jours représente une nouvelle fenêtre pour le monde du travail. Toutefois, sa mise en place implique un changement radical des mentalités, notamment au sein des entreprises traditionnelles.
D’ailleurs, ce nouveau rythme de travail concerne la société dans son ensemble. Plusieurs aspects doivent être alors pris en compte, tel que la garde des enfants, les services administratifs, l’éducation et la formation, etc. Ainsi, le véritable enjeu réside dans l’adaptabilité de cette formule à chaque entreprise et dans l’accompagnement des salariés.