L’entretien annuel salarié constitue un moment clé pour faire le bilan de l’année écoulée et fixer les objectifs de celle à venir. Bien que le Code du travail n’oblige pas l’organisation d’un tel rendez-vous, son rôle est crucial pour instaurer un dialogue constructif entre le salarié et son manager, permettant de discuter des performances, des attentes et des possibilités de mobilité au sein de l’entreprise. Cependant, plusieurs erreurs fréquentes peuvent nuire à son efficacité. Découvrez-les dans les lignes qui suivent.
Les erreurs courantes que l’employeur doit éviter lors de la préparation de l’entretien annuel
L’entretien annuel ne s’improvise pas, il se prépare en amont pour en garantir le succès.
Absence de planification
Un entretien annuel non préparé risque de devenir un simple échange formel. Pour que la rencontre soit fructueuse, l’employeur doit établir un guide de conversation définissant les objectifs, les sujets à aborder et les points à approfondir, le tout, en lien avec les priorités de l’entreprise. Cela garantit un échange centré, pertinent et productif, en accord avec la convention collective en vigueur, le cas échéant.
Planifier correctement un entretien annuel inclut également la prévenance du salarié (alerte par email, via une application de gestion RH, etc.), suffisamment tôt avant la rencontre, pour qu’il puisse se préparer aussi de son côté. La convocation doit spécifier non seulement la date et l’heure de l’entretien, mais aussi ses objectifs et ses enjeux.
L’email d’invitation peut par exemple inclure un article ou un lien vers un document détaillant les points importants à aborder durant l’entretien. Cela permet de valoriser l’initiative du salarié, en lui donnant l’opportunité d’apporter aussi des sujets qu’il souhaite aborder (défis rencontrés, besoin en formation, augmentation de salaire, évolution de carrière…).
Omettre de faire un bilan de performance complet avant l’entretien
L’entretien annuel doit être basé sur l’évaluation des faits concrets. Ne pas prendre le temps de collecter les données nécessaires, telles que les résultats de performance, les avis des collègues et des clients, peut rendre la rencontre moins efficace. Pour éviter tout oubli, l’employeur peut s’appuyer sur la méthode d’évaluation à 360 °, permettant de faire un partage de cas concrets, de recueillir des avis objectifs de façon anonyme.
Pour que l’évaluation soit complète, l’employeur doit aussi s’assurer de la validation des acquis du salarié. Cela permet de reconnaître ses compétences confirmées et d’identifier les domaines nécessitant un renforcement.
Manque de préparation de questions pertinentes
Ne pas préparer des questions spécifiques avant l’entretien est une erreur courante qui empêche de creuser les points importants. Cela rend l’échange beaucoup plus superficiel et peut même donner l’impression que c’est juste une formalité et non une réelle opportunité de faire avancer la collaboration et d’atteindre des objectifs communs. L’employeur ou le responsable du développement RH devrait ainsi préparer une liste de questionnements qui vont l’aider à comprendre les attentes et les aspirations du salarié et à identifier ses axes de progression.
Les défaillances au niveau de l’environnement de l’entretien
Un environnement mal préparé peut nuire à la qualité de l’entretien annuel. L’espace et les conditions doivent entre autres favoriser un échange productif et serein.
Manque de confidentialité
Le droit à la confidentialité doit être respecté afin de garantir un échange de qualité pendant l’entretien annuel. Si le salarié a l’impression que ses propos peuvent être entendus par ses collègues, il se sentira moins libre de partager ses préoccupations ou ses opinions. Il faudrait donc choisir un endroit propice à la discrétion pour instaurer un climat de confiance, évitant toute forme de discrimination ou d’abus. Cette confidentialité est d’ailleurs essentielle pour être en conformité avec la réglementation sur la protection des données personnelles.
Interruptions fréquentes
Les appels téléphoniques, les visites impromptues… plusieurs événements peuvent perturber le bon déroulement de l’entretien annuel. Cela fragilise l’attention portée à l’échange et réduit la qualité de l’interaction. Pour que l’entretien soit productif, les deux parties doivent prendre les mesures nécessaires pour éviter toute interruption (par exemple mettre leurs téléphones en mode silencieux, prévenir les collègues qu’ils sont en réunion, etc.).
Ne pas créer un cadre ouvert et agréable
L’entretien annuel doit se dérouler dans un cadre calme et agréable pour permettre à toutes les parties de se sentir à l’aise et d’échanger en toute transparence. Si l’atmosphère est tendue ou mal préparée, le salarié risque de se sentir sur la défensive, ce qui peut limiter la possibilité d’un échange sincère et constructif.
L’espace doit ainsi être confortable et la disposition de la salle ou du cabinet doit favoriser un échange fluide. Pour cela, il est préférable d’opter pour une table ronde ou une configuration qui permet à chacun de se sentir à égalité.
Les problèmes de communication à éviter durant l’entretien
Une communication défaillante pendant l’entretien annuel peut compromettre l’efficacité de l’échange et nuire à la relation professionnelle. En ce sens, voici les comportements à éviter.
Utilisation d’un langage négligent
Tout au long de la discussion, le salarié et l’employeur doivent adopter un ton respectueux et professionnel. Utiliser un langage négligent, un ton condescendant ou un vocabulaire inadéquat peut facilement donner l’impression que l’entretien n’est pas pris au sérieux ou qu’il manque de considération. Loin de renforcer la confiance, ce type de communication risque de déstabiliser le salarié et d’impacter négativement la relation professionnelle.
Ne pas écouter activement le salarié
L’entretien annuel est une occasion pour le salarié de partager ses ressentis, ses attentes et ses ambitions au sein de l’entreprise. Si l’employeur ne prête pas attention à ces propos, le salarié peut vite se sentir dévalorisé et conclure que ses préoccupations ne sont pas prises en considération. Cela donne place à un climat de malaise, de distance. Par conséquent, le dialogue n’aura pas l’impact souhaité.
Interrompre le salarié pendant qu’il parle
Interrompre le salarié en plein échange est un signe de manque de respect et de considération. Cela peut couper l’élan de la discussion ou même dissuader le salarié de s’exprimer librement. Afin de bénéficier de l’impact positif de l’entretien annuel, l’employeur doit alors laisser son interlocuteur développer ses idées avant d’intervenir.
Émettre des jugements préconçus
Arriver à l’entretien annuel avec des idées préconçues peut fausser l’échange. Cette attitude peut en effet fonder l’évaluation des performances du travail du salarié sur des impressions personnelles plutôt que sur ses véritables réalisations. Pour favoriser un dialogue honnête et constructif, l’employeur doit faire preuve d’ouverture et oublier les préjugés.
Les pièges dans l’évaluation des performances des salariés au travail
L’évaluation du travail devrait aider à identifier les forces et les axes d’amélioration dans la situation d’un salarié. Pour y arriver, elle doit être réalisée de manière objective et équilibrée.
Se concentrer uniquement sur les lacunes
Évaluer les performances du salarié ne se limite pas à l’énumération de ses points faibles et de ses erreurs. Cela peut effectivement démoraliser et démotiver le salarié. Il faudrait également souligner les progrès et les réussites afin de maintenir un climat de travail sain et motivant. D’ailleurs, les textes de loi insistent sur la nécessité d’évaluer les compétences et d’encourager le développement professionnel, plutôt que de se focaliser uniquement sur les points négatifs.
Oublier de reconnaître les réalisations
La culture de reconnaissance constitue un élément très recherché des employés dans le milieu professionnel. Si l’employeur ne prend pas le temps de saluer les réalisations et les efforts du salarié, il rate une occasion de renforcer l’engagement et la confiance de ce dernier.
Ne pas fixer des objectifs clairs pour l’année suivante
Sans objectifs précis et mesurables pour la période suivante, l’entretien annuel perd son utilité et laisse le salarié dans l’incertitude. Ainsi, l’employeur doit définir des objectifs spécifiques, mesurables et réalisables pour que le salarié sache précisément ce qu’on attend de lui, qu’il puisse définir sur quoi il doit travailler et fixer des priorités.
Toutefois, il faut veiller à ce que les objectifs fixés lors de l’entretien annuel soient adaptés aux compétences et aux capacités du salarié, s’alignent avec ses aspirations ainsi que les besoins réels du poste. Imposer des objectifs trop ambitieux ou mal définis peut conduire à de la frustration et à un sentiment d’échec, ce qui risque de démotiver le salarié.
Les erreurs fréquentes en lien avec le suivi après l’entretien annuel
Après un entretien annuel, les échanges devraient déboucher sur des actions concrètes. Voici les erreurs fréquentes qui empêchent les entreprises d’y parvenir.
Ne pas rédiger de compte-rendu
Suite à un entretien annuel, un compte-rendu formel, reprenant tout le contenu développé, doit être rédigé. Sans ce document récapitulatif, il peut être difficile de se rappeler des points abordés, des engagements pris ou des objectifs fixés. Cela peut aussi créer une certaine confusion ou des malentendus, surtout si plusieurs entretiens ont lieu au fil de l’année.
Manquer de suivre les actions convenues
Le suivi peut être une source de motivation pour le salarié, car il montre l’engagement de l’employeur à soutenir son développement. Si des objectifs ou des améliorations sont définis au cours de l’entretien annuel, la mise en place d’un système de suivi est donc primordiale.
Indicateurs de performance, réunions de contrôle, points réguliers… de tels dispositifs garantissent que chaque nouvelle directive convenue lors de l’entretien annuel est effectivement mise en œuvre et suivie de manière cohérente.
Absence de mise en place d’un soutien adéquat
Après un entretien, le salarié peut avoir besoin de soutien, qu’il soit sous forme de formation, de conseils ou de ressources, pour atteindre les objectifs fixés. L’absence de ce soutien peut engendrer frustration et démotivation, car l’employeur doit être au service du développement professionnel du salarié.
Un soutien adéquat pourrait inclure une action de formation pour aider le salarié à acquérir de nouvelles compétences. Et il faut, bien évidemment, veiller à ce que les conditions de travail permettent une progression sereine.