Illustration flat design représentant un salarié en Arrêts maladie longue durée, allongé dans un lit médicalisé avec perfusion et panneau d’information.
Le26 novembre 2025

Arrêt maladie longue durée : ce qui change

Les arrêts maladie de longue durée connaissent des changements majeurs en 2025. Les indemnités journalières sont plafonnées à 41,47€ (baisse de 22%), les prescriptions limitées à 1 mois, et un nouveau formulaire sécurisé obligatoire. Ces réformes impactent 13 millions de Français mais préservent la protection contre le licenciement et les compléments employeur.

L’arrêt maladie de longue durée (interruption >6 mois) est un dispositif de protection sociale encadré par des règles précises : indemnisation cumulée, protection contre le licenciement, obligations de suivi médical. Le cadre légal évolue régulièrement, affectant l’indemnisation maximale, les modalités de prescription et les conditions de reprise du travail.

Qu’est-ce qu’un arrêt maladie longue durée ?

Un arrêt maladie de longue durée est une interruption de travail pour motif médical d’une durée supérieure à 6 mois consécutifs. Cette catégorisation n’est pas qu’administrative : elle emporte des conséquences juridiques et financières spécifiques pour le salarié et l’employeur.

Distinction fondamentale

Arrêt classiqueArrêt longue durée
Durée inférieure à 6 moisDurée supérieure à 6 mois
Maximum 360 jours sur 3 ansPeut aller jusqu’à 3 ans pour les ALD
Pas de visite médicale obligatoireVisite de reprise obligatoire si ≥ 60 jours
Délai de carence : 3 joursSupprimé pour certaines ALD

Salariés concernés

Tous les salariés du secteur privé peuvent être concernés (CDI, CDD, temps plein, temps partiel). Les conditions d’indemnisation varient selon l’ancienneté (généralement 1 an minimum pour le complément employeur) et la pathologie (régime spécial pour les Affections Longue Durée).

Durées d’indemnisation et limites

L’indemnisation d’un arrêt maladie de longue durée dépend de la nature de la pathologie et du statut du salarié. Deux régimes coexistent avec des durées très différentes.

La règle des 360 jours sur 3 ans

Pour les arrêts classiques, l’Assurance Maladie verse des indemnités journalières (IJSS) pour un maximum de 360 jours sur une période glissante de 3 ans. Ce compteur démarre au premier jour d’arrêt et se réinitialise après 3 ans, à condition d’avoir repris le travail pendant au moins 12 mois consécutifs.

Tous les jours d’arrêt indemnisés sont comptabilisés, même pour des pathologies différentes. Un salarié ayant déjà consommé 200 jours pour une première maladie ne dispose plus que de 160 jours pour les 3 ans en cours.

Exception pour les ALD exonérantes

Les salariés reconnus en Affection Longue Durée exonérante (30 pathologies sur la liste officielle : cancers, diabète, sclérose en plaques, VIH, maladies cardiovasculaires graves…) bénéficient d’un régime plus favorable :

  • Durée d’indemnisation : jusqu’à 3 ans sans limitation de jours
  • Prise en charge : 100% des soins sur la base tarif Sécu
  • Délai de carence : supprimé pour les arrêts liés à l’ALD

Que se passe-t-il après épuisement des droits ?

Lorsque les 360 jours (ou 3 ans pour une ALD) sont épuisés, plusieurs options s’offrent au salarié :

  1. Reprise du travail : si l’état de santé le permet (éventuellement en temps partiel thérapeutique)
  2. Pension d’invalidité : demande à faire auprès de la CPAM si l’incapacité persiste
  3. Inaptitude : reconnaissance par le médecin du travail, déclenchant une procédure de reclassement ou de licenciement
  4. Retraite anticipée : si les conditions d’âge et de cotisation sont remplies

Réformes 2025 et 2026 : ce qui change

L’année 2025 marque un tournant avec trois mesures majeures entrées en vigueur, tandis que de nouvelles réformes sont prévues pour 2026 dans un objectif d’économies budgétaires.

Les 3 changements majeurs de 2025

1. Limitation de la durée de prescription (depuis été 2025)

Aucun médecin ne peut plus prescrire un arrêt initial de plus d’1 mois. Les renouvellements sont limités à 2 mois maximum. Cette mesure vise à renforcer le suivi médical mais impose des consultations fréquentes pour les patients en arrêt prolongé.

2. Plafonnement des indemnités journalières (depuis le 1er avril 2025)

Les IJSS sont désormais plafonnées à 1,4 fois le SMIC, soit 41,47 € brut par jour (contre 53,31 € avant). Cette baisse de 22% impacte principalement les cadres et professions intermédiaires.

Avant avril 2025Depuis avril 2025
Maximum 53,31 € brut/jourMaximum 41,47 € brut/jour
Pour un salaire de 5000 €/moisPerte de ~350 €/mois

3. Nouveau formulaire Cerfa sécurisé (depuis le 1er septembre 2025)

Tous les arrêts doivent figurer sur un formulaire comportant 7 éléments de sécurité (hologramme, encre magnétique, filigrane, numéro unique, code-barres, micro-impressions, papier spécial). Les anciens formulaires sont refusés par la CPAM.

Réformes prévues pour 2026

Le PLFSS 2026 prévoit : suppression des ALD non exonérantes (durée ramenée à 360 jours – rejetée mais pourrait revenir), taxation des indemnités (suppression abattement fiscal), et suppression du contrôle médical à 6 mois. Objectif : 1,5 milliard d’économies face à la hausse des dépenses (+28% entre 2019-2023).

Droits et obligations des parties

Les droits du salarié

Protection contre le licenciement : L’état de santé ne peut justifier un licenciement. Exceptions : désorganisation grave de l’entreprise nécessitant un remplacement définitif, ou inaptitude médicalement constatée sans possibilité de reclassement.

Maintien du lien contractuel : Pendant l’arrêt, l’ancienneté continue de courir, les congés payés légaux continuent de s’acquérir, et la couverture mutuelle est maintenue.

Indemnisation : Cumul des IJSS (50% du salaire journalier de référence, plafonné à 41,47 €) et du complément employeur (90% puis 66,66% du salaire brut sous conditions).

Les obligations du salarié

  • Informer l’employeur : dans les 48 heures par tout moyen
  • Transmettre l’arrêt : volets 1 et 2 à la CPAM, volet 3 à l’employeur (48h)
  • Respecter les heures de sortie : présence obligatoire au domicile de 9h-11h et 14h-16h (sauf autorisation médicale de sortie libre)
  • Interdiction de travailler : sauf temps partiel thérapeutique prescrit médicalement
  • Accepter les contrôles : convocations du médecin-conseil de la CPAM

Les obligations de l’employeur

1. Verser les indemnités complémentaires

Pour les salariés justifiant d’au moins 1 an d’ancienneté, l’employeur doit compléter les IJSS selon le barème légal (améliorable par convention collective) :

PériodeMaintien de salaire
Du 8e au 30e jour90% du salaire brut (IJSS déduites)
Du 31e au 60e jour66,66% du salaire brut (IJSS déduites)
Au-delà selon ancienneté+10 jours par tranche de 5 ans

2. Organiser la visite médicale de reprise

Obligatoire dans les 8 jours suivant la reprise pour tout arrêt ≥ 60 jours (≥ 30 jours pour accident du travail). Cette visite détermine l’aptitude, les aménagements nécessaires, ou l’inaptitude déclenchant une procédure de reclassement.

Les Affections Longue Durée (ALD)

30 pathologies graves (cancers, diabète, maladies cardiovasculaires, sclérose en plaques, Parkinson, Alzheimer, VIH…) ouvrent droit à une prise en charge à 100% et une durée d’indemnisation jusqu’à 3 ans sans limitation de jours.

Reconnaissance : Le médecin traitant établit un protocole de soins, examiné par le médecin-conseil de la CPAM. Décision notifiée sous 30 jours. Durée : 1 à 10 ans selon la pathologie, parfois à vie.

La reprise du travail

La visite médicale de reprise (obligatoire pour tout arrêt ≥ 60 jours) détermine l’aptitude du salarié. Le médecin du travail peut déclarer : aptitude (reprise normale), aptitude avec aménagements (restrictions de poste), ou inaptitude (obligation de reclassement puis licenciement si impossible).

Le temps partiel thérapeutique permet une reprise progressive avec maintien partiel des IJSS. Nécessite l’accord du médecin traitant, du médecin-conseil et de l’employeur. La rémunération combine salaire partiel + IJSS + complément employeur.

Questions fréquentes

Puis-je être licencié pendant un arrêt maladie longue durée ?

En principe non. L’état de santé ne peut justifier un licenciement. Toutefois, l’employeur peut licencier si votre absence prolongée désorganise gravement l’entreprise et nécessite un remplacement définitif (conditions strictement encadrées par la jurisprudence). De même, si le médecin du travail vous déclare inapte sans possibilité de reclassement, un licenciement pour inaptitude peut intervenir.

Que se passe-t-il quand j’épuise mes 360 jours d’indemnisation ?

Plusieurs options : reprendre le travail (ce qui réinitialise le compteur après 1 an), demander une pension d’invalidité auprès de la CPAM si votre état ne permet pas la reprise, ou faire constater votre inaptitude par le médecin du travail (ouvrant droit au chômage en cas de licenciement). Il est crucial d’anticiper cette échéance plusieurs mois à l’avance.

Mon employeur doit-il me verser un complément aux indemnités de la Sécurité sociale ?

Oui, si vous justifiez d’au moins 1 an d’ancienneté et avez transmis votre arrêt dans les 48 heures. L’employeur doit vous garantir 90% de votre salaire brut pendant les 30 premiers jours, puis 66,66% les 30 jours suivants, déduction faite des IJSS. Ces durées augmentent de 10 jours par tranche de 5 ans d’ancienneté. Votre convention collective peut prévoir des conditions plus favorables.

L’essentiel à retenir

L’arrêt maladie de longue durée reste un dispositif essentiel de protection sociale, mais les réformes successives tendent à en durcir les conditions. Face à l’explosion des dépenses (11,3 milliards en 2024) et aux réformes en cours, la connaissance précise de vos droits devient cruciale.

Consultez votre convention collective, votre service RH, les représentants du personnel, ou les services de la CPAM pour toute situation spécifique. En cas de litige, l’inspection du travail et le conseil de prud’hommes sont les instances compétentes.

Sources et références

Dernière mise à jour des sources : janvier 2025. Il est recommandé de vérifier la validité des informations sur les sites officiels avant toute application pratique.

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