Illustration d'une femme professionnelle en astreinte, portant des écouteurs et tenant son téléphone, joignable pour intervenir avec ses collègues affichés à l'écran et notifications d'alerte
Le18 novembre 2025

Astreinte : Tout ce qu’il faut savoir

L’astreinte est une période où le salarié reste joignable hors de son lieu de travail pour intervenir si nécessaire. Strictement encadrée par le Code du travail (articles L3121-9 à L3121-12), elle impose un délai de prévenance de 15 jours, une compensation obligatoire et le respect des repos légaux. La rémunération des interventions s’ajoute à la compensation forfaitaire.

L’astreinte permet au salarié de rester joignable hors de ses horaires normaux pour intervenir en cas de besoin. Elle donne lieu à une compensation obligatoire, que l’intervention ait lieu ou non. Strictement encadrée par le Code du travail, elle impose des délais de prévenance, des compensations obligatoires et le respect des repos légaux. Les interventions réelles sont rémunérées en supplément.

Qu’est-ce qu’une astreinte ?

Une astreinte est une période pendant laquelle le salarié, hors de son lieu de travail, doit rester disponible pour intervenir si nécessaire.

Distinction fondamentale

Période d’astreinteTemps d’intervention
N’est PAS du temps de travail effectifEST du temps de travail effectif
Compensation forfaitaire obligatoireRémunération au taux horaire normal + majorations
Le salarié reste chez lui ou vaque à ses occupationsInclut le déplacement + l’intervention + le retour
Ne compte pas dans les heures supplémentairesCompte dans les heures supplémentaires

Salariés concernés

Tous les salariés peuvent être soumis à des astreintes (CDI, CDD, temps plein, temps partiel), à l’exception des cadres dirigeants qui ne sont pas soumis à la réglementation sur la durée du travail. Les astreintes concernent typiquement les secteurs de la maintenance, de l’informatique, de la santé, de la sécurité et des télécommunications.

Comment les mettre en place ?

L’astreinte ne peut être instituée par une simple clause du contrat de travail. Trois modalités sont possibles, par ordre de priorité :

1. Convention collective ou accord de branche

Consultez d’abord votre convention collective : elle peut déjà prévoir des dispositions spécifiques sur les astreintes (organisation, compensation, délais). Si c’est le cas, ces règles s’appliquent directement.

2. Accord d’entreprise

Négociation avec les représentants du personnel (délégués syndicaux, CSE) ou ratification par 2/3 du personnel. L’accord doit préciser les modalités d’organisation, la compensation accordée (financière ou repos), les délais de prévenance, le mode de calcul et les conditions d’intervention.

3. Décision unilatérale de l’employeur

En l’absence d’accord collectif, l’employeur peut instituer des astreintes à condition de consulter le CSE avant toute mise en place et d’informer l’inspection du travail de la décision.

Les obligations strictes de l’employeur

1. Respecter les délais de prévenance

L’employeur doit informer le salarié au moins 15 jours à l’avance de la programmation d’une période d’astreinte. Ce délai peut être réduit à 1 jour franc en cas de circonstances exceptionnelles (panne majeure, absence imprévue d’un collègue) et si l’accord le prévoit expressément.

2. Garantir les repos obligatoires

Le salarié doit bénéficier d’un repos quotidien de 11 heures consécutives et d’un repos hebdomadaire de 35 heures cumulées (24h + 11h). Si une intervention se produit pendant le repos quotidien, une nouvelle période de 11 heures consécutives doit débuter après la fin de l’intervention.

3. Respecter les libertés individuelles

Le salarié ne peut être contraint de rester à son domicile ou dans un périmètre géographique sauf si cette restriction est justifiée et proportionnée (article L1121-1).

4. Remettre un document mensuel

Chaque mois, l’employeur doit remettre au salarié un document récapitulant le nombre d’heures d’astreinte effectuées, la compensation versée et le nombre d’heures d’intervention. Ce document doit être conservé pendant 1 an minimum.

Les droits et obligations du salarié

Droits du salarié

Tout salarié en astreinte bénéficie d’une compensation obligatoire même sans intervention (prime financière ou repos compensateur). Le temps d’intervention est rémunéré comme du travail effectif et s’ajoute à la compensation forfaitaire. Ce temps d’intervention inclut le déplacement aller-retour et l’intervention elle-même. Des majorations s’appliquent si l’intervention a lieu de nuit, dimanche ou jours fériés.

Possibilité de refus

Le salarié peut refuser l’astreinte si elle n’a pas été instituée selon les modalités légales, si le délai de prévenance de 15 jours n’a pas été respecté, ou si l’accord prévoit que l’astreinte est basée sur le volontariat. Important : Si l’astreinte a été mise en place légalement et que le délai est respecté, le refus peut constituer une faute grave.

Obligations du salarié

En contrepartie de la compensation perçue, le salarié doit se tenir joignable par les moyens convenus, être en mesure d’intervenir dans les délais raisonnables et se maintenir en état de travailler (pas d’alcool ou substances).

Rémunération et compensation

Pratiques courantes de compensation

La compensation d’astreinte comprend deux éléments distincts :

  1. Indemnité forfaitaire de disponibilité : compensation de la contrainte d’être joignable et disponible
  2. Rémunération des interventions effectives : temps de travail réel avec majorations applicables
Période d’astreinteIndemnité forfaitaire indicative
Nuit (12h)30 € à 80 €
Week-end (48h)100 € à 200 €
Semaine complète150 € à 400 €

Exemple de calcul pour un week-end d’astreinte

Cas pratique : Sophie, technicienne informatique dans une société de services, travaille 35 heures par semaine du lundi au vendredi. Son taux horaire est de 25 €/h. Elle est d’astreinte ce week-end (samedi 8h – lundi 8h, soit 48 heures) avec un délai d’intervention fixé à 1 heure. Selon son entreprise, l’indemnité forfaitaire pour un week-end d’astreinte est de 150 €.

Déroulement : Sophie reçoit un appel dimanche à 9h30 pour un problème serveur critique. Elle intervient à distance de 10h à 13h, soit 3 heures d’intervention effective un dimanche.

Calcul de sa compensation :

  • Indemnité forfaitaire week-end (48h d’astreinte) : 150 €
  • Rémunération intervention dimanche : 3h × 25 €/h = 75 €
  • Majoration dimanche (+25% selon convention collective) : 18,75 €
  • Total compensation : 243,75 €

Ces 3 heures d’intervention comptent également comme du temps de travail effectif et seront intégrées dans le décompte des heures de Sophie pour la semaine en cours.

Facteurs influençant les montants

Ces montants varient considérablement selon :

La taille de l’entreprise : les grandes entreprises offrent généralement des compensations plus élevées.

La convention collective applicable : certaines imposent des minima de compensation

Le niveau de contrainte : délai d’intervention exigé (15 minutes vs 2 heures), rayon géographique de déplacement, fréquence des interventions habituelles

Le secteur d’activité : IT/Télécoms (150-400 €/semaine), Santé (100-250 €/semaine), Industrie (200-500 €/semaine)

Rémunération des interventions

Toute intervention effective pendant l’astreinte est rémunérée au taux horaire normal du salarié et s’ajoute à la compensation forfaitaire de l’astreinte. Des majorations éventuelles s’appliquent pour le travail de nuit, dimanche ou jours fériés. Le temps d’intervention est pris en compte dans le calcul des heures supplémentaires.

Régime social et fiscal

La compensation de l’astreinte et la rémunération des interventions sont soumises aux cotisations sociales et à l’impôt sur le revenu. Si la compensation présente un caractère régulier, elle est prise en compte dans le calcul de l’indemnité de congés payés.

L’essentiel à retenir sur les astreintes

L’astreinte constitue un outil d’organisation du travail essentiel pour de nombreux secteurs d’activité. Son cadre juridique strict protège les droits des salariés tout en permettant aux entreprises d’assurer la continuité de leur activité. Le respect des procédures de mise en place, des délais de prévenance et des obligations de compensation garantit un équilibre entre les besoins opérationnels et les droits fondamentaux des salariés au repos et à la vie privée.

N’hésitez pas à consulter votre convention collective, votre service RH ou les représentants du personnel pour toute question spécifique. En cas de litige, l’inspection du travail et le conseil de prud’hommes sont les instances compétentes.

Questions fréquentes

Puis-je refuser une astreinte si je n’étais pas prévenu quinze jours à l’avance ?

Oui, sauf si des circonstances exceptionnelles justifient une prévenance réduite à un jour franc et que cette possibilité est expressément prévue par accord collectif ou décision unilatérale. En l’absence de circonstances exceptionnelles ou de disposition contractuelle autorisant le délai réduit, le non-respect du délai de quinze jours vous autorise à refuser l’astreinte sans que cela puisse vous être reproché.

Mon employeur peut-il m’imposer de rester à mon domicile pendant l’astreinte ?

Non, sauf si cette restriction est objectivement justifiée par la nature de la tâche à accomplir et proportionnée au but recherché. Le salarié en astreinte conserve en principe sa liberté de mouvement, sous la seule réserve de pouvoir intervenir dans des délais raisonnables. Une restriction géographique ne peut se justifier que dans des cas spécifiques où le délai d’intervention exigé est particulièrement court.

L’astreinte compte-t-elle dans le calcul des heures supplémentaires ?

Non, la période d’astreinte elle-même ne compte pas dans le temps de travail effectif et n’entre donc pas dans le calcul des heures supplémentaires. En revanche, les heures d’intervention effectives sont intégralement comptabilisées comme du temps de travail effectif et peuvent générer des heures supplémentaires si les seuils légaux ou conventionnels sont dépassés.

Sources et références

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